Pour moi, mon corps est devenu pareil à une élégante voiture de sport dont le possesseur tire fierté. Dedans, j'ai parcouru maintes grandes routes en direction de lieux nouveaux. Des paysages que je n'avais jamais vu auparavant se sont ouverts à moi, ont enrichi mon expérience.
Les muscles sont force autant que forme, et chaque système de muscles régit mystérieusement la direction où sa force s'exerce, tout comme s'ils étaient des rais de lumière qui auraient pris une apparence charnelle.
La forme enveloppant la force.
L'œuvre doit être organique.
De toutes parts rayonnant de lumière.
On doit assumer la responsabilité de ses paroles, une fois qu'on les a prononcées. Il en va de même pour le mot écrit. Si l'on écrit: je mourrai en novembre, alors on doit mourir. Si l'on fait une fois bon marché des mots, on continuera de le faire.
La plupart des écrivains ont une cervelle parfaitement normale tout en se comportant en sauvages; moi, j'ai une conduite normale, mais c'est à l'intérieur que ça ne va pas.
La mort ou l'instant qui la précède est l'unique réalité. De là, vivre, exister, participer à la réalité, c'est mourir. Cela le nihiliste le sait, mais il est résolu à vivre en contradiction avec ce dont il est convaincu.
J'ai compris que dans les circonstances ordinaires un homme n'est pas une réalité objective: il ne peut être objectivé que par la mort. On ne peut être sur d'exister que lorsqu'on meurt!
Le philosophe en chambre aura beau ruminer l'idée de la mort, aussi longtemps qu'il restera à l'écart du courage physique qui constitue un préalable à la connaissance, il demeurera incapable de commencer même à rien y comprendre.
Mishima Yukio
"De là, vivre, exister, participer à la réalité, c'est mourir."
RépondreSupprimerOn dirait du Jünger :
"Leben heisst töten."
Vivre signifie tuer.
Der Kampf als inneres Erlebnis, 1922
(Traduit en français sous le titre : La guerre comme expérience intérieure)